Les fables Livre 12

Fables Jean de la Fontaine

Je ne puis employer, pour mes fables, de protection qui me soit plus glorieuse que la vôtre. Ce goût exquis et ce jugement si
solide que vous faites paraître dans toutes choses au-delà d’un âge où à peine les
autres princes sont-ils touchés de ce qui les environne avec le plus d’éclat; tout cela
joint au devoir de vous obéir et à la passion de vous plaire, m’a obligé de vous
présenter un ouvrage dont l’original a été l’admiration de tous les siècles ainsi que
celle de tous les sages.
Vous m’avez même ordonné de continuer; et si vous me permettez
de le dire, il y a des sujets dont je vous suis redevable, et vous avez jeté des grâces
qui ont été admirées de tout le monde. Nous n’avons plus besoin de consulter ni Apollon Lire la suite...
Trois saints, également jaloux de leur salut,
Portés d’un même esprit, tendaient à même but.
Ils s’y prirent tous trois par des routes diverses:
Tous chemins vont à Rome; ainsi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.
L’un, touché des soucis, des longueurs, des traverses
Qu’en apanage on voit aux procès attachés,
S’offrit de les juger sans récompense aucune,
Peu soigneux d’établir ici-bas sa fortune.
Depuis qu’il est des lois, l’homme, pour ses pêchés, Lire la suite...
        (A Madame de la Mésangère)
Aimable fille d’une mère
A qui seule aujourd’hui mille cœurs font la cour,
Et quelques-uns encore que vous garde l’Amour,
Je ne puis qu’en cette préface
Je ne partage entre elle et vous
Un peu de cet encens qu’on recueille au Parnasse,
Et que j’ai le secret de rendre exquis et doux.
Je vous dirai donc….. Mais tout dire,
Ce serait trop; il faut choisir,
Ménageant ma voix et ma lyre,
Qui bientôt vont manquer de force et de loisir. Lire la suite...
(A Madame Harvey)
Le bon coeur est chez vous compagnon du bon sens,
Avec cent qualités trop longues à déduire,
Une noblesse d’âme, un talent pour conduire
Et les affaires et les gens,
Une humeur franche et libre, et le don d’être amie
Malgré Jupiter même et les temps orageux.
Tout cela méritait un éloge pompeux;
Il en eût été moins selon votre génie:
La pompe vous déplaît, l’éloge vous ennuie.
J’ai donc fait celui-ci court et simple. Je veux
Y coudre encore un mot ou deux Lire la suite...
Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage.
Le sage se retourne, et lui dit:” Mon ami,
C’est fort bien fait à toi, reçois cet écu-ci:
Tu fatigues assez pour gagner davantage.
Toute peine, dit-on, est digne de loyer.
Vois cet homme qui passe, il a de quoi payer;
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire.”
Amorcé par le gain, notre fou s’en va faire
Même insulte à l’autre bourgeois.
On ne le paya pas en argent cette fois. Lire la suite...
Autrefois l’éléphant et le rhinocéros,
En dispute du pas et des droits de l’empire,
Voulurent terminer la querelle en champs clos.
Le jour en était pris, quand quelqu’un vint leur dire
Que le singe de Jupiter,
Portant un caducée, avait paru dans l’air.
Ce singe avait nom Gille, à ce que dit l’histoire.
Aussitôt l’éléphant de croire
Qu’en qualité d’ambassadeur
Il venait trouver sa Grandeur.
Tout fier de ce sujet de gloire, Lire la suite...
Un philosophe austère, et né dans la Scythie,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile,
Homme égalant les rois, homme approchant des dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d’un jardin.
Le Scythe l’y trouva qui, la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l’inutile,
Ebranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
Corrigeant partout la nature, Lire la suite...
Il est un singe dans Paris
A qui l’on avait donné femme.
Singe en effet d’aucuns maris,
Il la battait. La pauvre dame
En a tant soupiré qu’enfin elle n’est plus.
Leur fils se plaint d’étrange sorte,
Il éclate en cris superflus:
Le père en rit: sa femme est morte;
Il a déjà d’autres amours,
Que l’on croit qu’il battra toujours; Lire la suite...
Contre les assauts d’un renard
Un arbre à des dindons servait de citadelle.
Le perfide ayant fait tout le tour du rempart,
Et vu chacun en sentinelle,
S’écria:” Quoi! ces gens se moqueront de moi!
Eux seuls seront exempts de la commune loi!
Non, par tous les dieux, non!” Il accomplit son dire.
La lune, alors luisant, semblait, contre le sire
Vouloir favoriser la dindonnière gent.
Lui, qui n’était novice au métier d’assiégeant,
Eut recours à son sac de ruses scélérates, Lire la suite...
Un renard, jeune encor, quoique des plus madrés,
Vit le premier cheval qu’il eût vu de sa vie.
Il dit à certain loup, franc novice:” Accourez,
Un animal paît dans nos prés,
Beau, grand; j’en ai ma vue encore toute ravie.
– Est-il plus fort que nous? dit le loup en riant.
Fais-moi son portrait, je te prie.
– Si j’étais quelque peintre ou quelque étudiant,
Repartit le renard, j’avancerais la joie
Que vous aurez en le voyant. Lire la suite...

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