Les fables Livre 10

Fables Jean de la Fontaine

Un pincemaille avait tant amassé
Qu’il ne savait où loger sa finance.
L’avarice, compagne et soeur de l’ignorance,
Le rendait fort embarrassé
Dans le choix d’un dépositaire;
Car il en voulait un, et voici sa raison: ”
L’objet tente; il faudra que ce monceau s’altère
Si je le laisse à la maison:
Moi-même de mon bien je serai le larron.
-Le larron? Quoi? jouir, c’est se voler soi-même? Lire la suite...
Un loup rempli d’humanité
(S’il en est de tels dans le monde)
Fit un jour sur sa cruauté,
Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité,
Une réflexion profonde.
“Je suis haï, dit-il; et de qui? d’un chacun.
Le loup est l’ennemi commun:
Chiens, chasseurs, villageois, s’assemblent pour sa perte;
Jupiter est là-haut étourdi de leurs cris:
C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte
, On y mit notre tête à prix. Lire la suite...
“O Jupiter, qui sus de ton cerveau,
Par un secret d’accouchement nouveau,
Tirer Pallas, jadis mon ennemie,
Entends ma plainte une fois en ta vie!
Progné me vient enlever les morceaux;
Caracolant, frisant l’air et les eaux,
Elle me prend mes mouches à ma porte:
Miennes je puis les dire; et mon réseau
En serait plein sans ce maudit oiseau:
Je l’ai tissu de matière assez forte.”
Ainsi, d’un discours insolent,
Se plaignait l’araignée autrefois tapissière, Lire la suite...
Parmi de certains coqs, incivils, peu galants,
Toujours en noise, et turbulents,
Une perdrix était nourrie.
Son sexe et l’hospitalité,
De la part de ces coqs, peuple à l’amour porté,
Lui faisaient espérer beaucoup d’honnêteté:
Ils feraient les honneurs de la ménagerie.
Ce peuple cependant, fort souvent en furie,
Pour la dame étrangère ayant peu de respect,
Lui donnait fort souvent d’horribles coups de bec.

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“Qu’ai-je fait, pour me voir ainsi
Mutilé par mon propre maître?
Le bel état où me voici!
Devant les autres chiens oserai-je paraître?
O rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
Qui vous feraient choses pareilles…”
Ainsi criait Mouflar, jeune dogue; et les gens,
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles. Lire la suite...
Deux démons à leur gré partagent notre vie,
Et de son patrimoine ont chassé la raison;
Je ne vois point de coeur qui ne leur sacrifie:
Si vous me demandez leur état et leur nom,
J’appelle l’un amour et l’autre ambition.
Cette dernière étend le plus loin son empire;
Car même elle entre dans l’amour.
Je le ferais bien voir; mais mon but est de dire
Comme un roi fit venir un berger à sa cour.
Le conte est du bon temps, non du siècle où nous sommes. Lire la suite...
Mère lionne avait perdu son faon:
Un chasseur l’avait pris. La pauvre infortunée
Poussait un tel rugissement
Que tout la forêt était inportunée.
La nuit ni son obscurité,
Son silence et ses autres charmes,
De la reine des bois n’arrêtaient les vacarmes:
Nul animal n’était du sommeil visité.
L’ourse enfin lui dit:” Ma commère,
Un mot sans plus: tous les enfants
Qui sont passés entre vos dents
N’avaient-ils ni père ni mère?

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Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.
Je n’en veux pour témoin qu’Hercule et ses travaux.
Ce dieu n’a guère de rivaux;
J’en vois peu dans la fable, encor moins dans l’Histoire.
En voici pourtant un, que de vieux talismans
Firent chercher fortune au pays des romans.
Il voyageait de compagnie.
Son camarade et lui trouvèrent un poteau
Ayant au haut cet écriteau:
” Seigneur aventurier, s’il te prend quelque envie
” De voir ce que n’a vu nul chevalier errant,
” Tu n’as qu’à passer ce torrent;
” Puis, prenant dans tes bras un éléphant de pierre Lire la suite...
Deux perroquets, l’un père et l’autre fils,
Du rôt d’un roi faisaient leur ordinaire;
Deux demi-dieux, l’un fils et l’autre père,
De ces oiseaux faisaient leurs favoris.
L’âge liait une amitié sincère
Entre ces gens: les deux pères s’aimaient;
Les deux enfants, malgré leur cœur frivole,
L’un avec l’autre aussi s’accoutumaient,
Nourris ensemble, et compagnons d’école.
C’était beaucoup d’honneur au jeune perroquet,
Car l’enfant était prince, et son père monarque. Lire la suite...
Tircis, qui pour la seule Annette
Faisait raisonner les accords
D’une voix et d’une musette
Capables de toucher les morts,
Chantait un jour le long des bords
D’une onde arrosant les prairies
Dont Zéphire habitait les campagnes fleuries.
Annette cependant à la ligne pêchait;
Mais nul poisson ne s’approchait:
La bergère perdait ses peines.
Le berger, qui, par ses chansons,
Eût attiré des inhumaines,
Crut, et crut mal, attirer des poissons. Lire la suite...

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