Britannicus ACTE V Scène V

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Britannicus ACTE V Scène V

Agrippine, Burrhus

Agrippine

Quel attentat, Burrhus !

Burrhus

Je n’y pourrai survivre,

Madame: il faut quitter la cour et l’empereur.

Agrippine

Quoi ? du sang de son frère il n’a point eu d’horreur ?

Burrhus

Ce dessein s’est conduit avec plus de mystère.

À peine l’empereur a vu venir son frère,

Il se lève, il l’embrasse, on se tait, et soudain

César prend le premier une coupe à la main:

“Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices,

Ma main de cette coupe épanche les prémices,

Dit-il; dieux, que j’appelle à cette effusion,

Venez favoriser notre réunion.”

Par les mêmes serments Britannicus se lie.

La coupe dans ses mains par Narcisse est remplie,

Mais ses lèvres à peine en ont touché les bords…

Le fer ne produit point de si puissants efforts,

Madame: la lumière à ses yeux est ravie,

Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie.

Jugez combien ce coup frappe tous les esprits:

La moitié s’épouvante et sort avec des cris,

Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage

Sur les yeux de César composent leur visage.

Cependant sur son lit il demeure penché;

D’aucun étonnement il ne paraît touché:

“Ce mal, dont vous craignez, dit-il, la violence

A souvent, sans péril, attaqué son enfance.”

Narcisse veut en vain affecter quelque ennui,

Et sa perfide joie éclate malgré lui.

Pour moi, dût l’empereur punir ma hardiesse,

D’une odieuse cour j’ai traversé la presse,

Et j’allais, accablé de cet assassinat,

Pleurer Britannicus, César et tout l’Etat.

Agrippine

Le voici. Vous verrez si c’est moi qui l’inspire.

La pièce de Théâtre Britannicus par Jean Racine.



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