Britannicus ACTE III Scène V

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Britannicus ACTE III Scène V

Britannicus, Agrippine, Narcisse, Albine

Britannicus

Nos ennemis communs ne sont pas invincibles,

Madame, nos malheurs trouvent des cœurs sensibles.

Vos amis et les miens, jusqu’alors si secrets,

Tandis que nous perdions le temps en vains regrets,

Animés du courroux qu’allume l’injustice,

Viennent de confier leur douleur à Narcisse.

Néron n’est pas encor tranquille possesseur

De l’ingrate qu’il aime au mépris de ma sœur.

Si vous êtes toujours sensible à son injure,

On peut dans son devoir ramener le parjure.

La moitié du sénat s’intéresse pour nous:

Sylla, Pison, Plautus…

Agrippine

Prince, que dites-vous ?

Sylla, Pison, Plautus ! les chefs de la noblesse !

Britannicus

Madame, je vois bien que ce discours vous blesse;

Et que votre courroux, tremblant, irrésolu,

Craint déjà d’obtenir tout ce qu’il a voulu.

Non, vous avez trop bien établi ma disgrâce:

D’aucun ami pour moi ne redoutez l’audace.

Il ne m’en reste plus, et vos soins trop prudents

Les ont tous écartés ou séduits dès longtemps.

Agrippine

Seigneur, à vos soupçons donnez moins de créance:

Notre salut dépend de notre intelligence.

J’ai promis, il suffit. Malgré vos ennemis,

Je ne révoque rien de ce que j’ai promis.

Le coupable Néron fuit en vain ma colère:

Tôt ou tard il faudra qu’il entende sa mère.

J’essaierai tour à tour la force et la douceur,

Ou moi-même, avec moi conduisant votre sœur,

J’irai semer partout ma crainte et ses alarmes,

Et ranger tous les cœurs du parti de ses larmes.

Adieu. J’assiégerai Néron de toutes parts.

Vous, si vous m’en croyez, évitez ses regards.

La pièce de Théâtre Britannicus par Jean Racine.



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