À une femme

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Quoi ! tu raillais vraiment quand tu disais : Je t’aime.
Quoi ! tu mentais aussi ? Pauvre fille, à quoi bon ?
Tu ne me trompais pas, tu te trompais toi-même.
Pouvant avoir l’amour, tu n’as que le pardon.

Garde-le, large et franc, comme fut ma tendresse ;
Que par aucun regret ton cœur ne soit mordu.
Ce que j’aimais en toi, c’était ma propre ivresse ;
Ce que j’aimais en toi, je ne l’ai pas perdu.

La lampe n’a brûlé qu’en empruntant ma flamme ;
Comme le grand convive aux noces de Cana,
Je changeais en vin pur les fadeurs de ton âme,
Et ce fut un festin dont plus d’un s’étonna.

Tu n’as jamais été, dans tes jours les plus rares,
Qu’un banal instrument sous mon archet vainqueur,
Et comme un air qui sonne au bois creux des guitares,
J’ai fait chanter mon rêve au vide de ton cœur.

S’il fut sublime et doux, ce n’est pas ton affaire !
Je puis le dire au monde et ne te pas nommer :
Pour tirer du néant ta splendeur éphémère,
Il m’a suffi de croire, il m’a suffi d’aimer.

Et maintenant, adieu. Suis ton chemin, je passe.
Poudre d’un blanc discret les rougeurs de ton front.
Le banquet est fini : quand j’ai vidé ma tasse,
S’il reste encor du vin, les laquais le boiront.

Poète Louis Bouilhet

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